... Pour l'orgue de Saint-Denis:
"En remettant les oreilles bien droites et perpendiculaires aux bouches, on a constaté, dès le début de la mise en harmonie de l'orgue, dans la deuxième octave de la Montre de 8 pieds notamment, un tempérament inégal très doux caractérisé par une tierce Do-Mi pure et les trois tierces Ré-Fa#, Fa-La et Sol-Si presques pures. Ce tempérament est le seul qui ait permis de conserver à tous les tuyaux anciens jamais recoupés leur longueur d'origine."
Pour le Poïkilorgue :
"Quelques années avant, un relevé avait été réalisé sur un "Poïkilorgue*", instrument à anches libres ne se désaccordant pas, par définition. On** y a découvert :
7 "bonnes" petites tierces Do>Mi, Ré>Fa#, Fa>La, Mib>Sol, Sol>Si, La>Do#, Sib>Ré.
1 tierce du tempérament égal : Lab>Do.
4 "fausses" tierces : Mi>Lab, Si>Mib, et surtout Do#>Fa et Fa#>Sib.
La fausse quinte, ou quinte du loup, est entre Do# et Lab.
...
* "Poïkilorgue" pourrait signifier "orgue dont l'accord ne varie pas avec la température"
**Michèle CASTELLENGO, chargée de recherche au CNRS."
Le Poïkilorgue en question est celui de Claude Noisette de Crauzat ...
Enfin, en ce qui concerne la pratique de l'accord tempéré égal, elle a mis pas mal de temps à s'établir comme on la connait actuellement, scientifiquement, en partage de 12 demi-tons parfaitement égaux.
On relève particulièrement ce qu'écrit HAMEL dans son encyclopédie de 1849:
Dans le complément écrit de sa main, il précise : "On a généralement adopté ... pour partition, celle par tempérament égal. Ce mode de tempérament, qui parait le plus rationnel, a cependant l'inconvénient de n'admettre aucun intervalle juste ... où l'oreille péniblement affectée par la dureté des tierces puisse se reposer". Il en explique la raison : "... les intervalles de tierce et de quinte, lorsqu'ils sont justes, produisent un son résultant qui est à l'octave ou à la double octave en dessous de la note la plus grave de l'accord d'où il provient. Autant cette consonance est agréable, autant est pénible la sensation causée par des accords dont les intervalles sont altérés ... Dans ce cas les coïncidences des vibrations ne donnent plus la tonique de l'accord générateur mais un son qui s'en éloigne plus ou moins".
Dans le procédé de division de l'octave en trois tierces qu'il nous propose, il fait l'erreur de vouloir que les trois tierces soient toutes de même qualité : ".. elles fassent autant de battements l'une que l'autre et que la dernière ne soit pas plus dure que la première…".
Dans ce cas, seule la tierce centrale aurait la valeur voulue. Le tempérament n'est pas totalement symétrique et par là même quelque peu inégal, en favorisant les bémols.
Cette inégalité a été attestée par deux témoignages concordants, l'un venant d'Italie (Naples 1882), l'autre d'Amérique (Philadelphie 1907).
Hamel le constate d'ailleurs lui même, dans la préface de son encyclopédie : "... nous avons toujours trouvé quelques tons plus favorisés que d'autres".
Ceci nous laisse à penser qu'au XIXe siècle, on pratiquait le tempérament égal de cette manière.
Reste plus qu'à convaincre Laurent PLET de m'accorder le Beaucourt 1853 de Saint-Hippolyte du Fort de cette façon ... c'est pas gagné !