Apollo organ N°1195 (1925)

Bonjour à tous,

Quelques uns d'entre vous savez que j'ai temporairement émigré au Royaume Uni depuis 2016 pour des raisons professionnelles.
je n'ai pas pu emporter d'instrument pour jouer chez moi, et j'ai donc cherché quelque chose à acheter sur place.
Dans un premier temps, un vieil organiste local (un monsieur charmant), m'avait proposé un Estey "Cathedral organ" en mauvais état qu'il avait chez lui. Hélas, il est mort subitement au printemps, et je n'ai pas osé m'immiscer dans la succession : l'Estey a fini à la benne. J'en garde une très mauvaise conscience.

Début octobre, j'ai eu l'occasion d'acheter un Apollo organ. Oui, je sais un autre.
Il s'agit du N°1195, livre en décembre 1925 à Duck, son & Pinker, vendeurs de musique et instruments à Bath pour la somme de £121. 12s. 6d (traduction : 121 livres, 12 shillings et 6 pence jusqu'en 1971, le Royaume Uni a eu une monnaie non décimale : il fallait 12 pence pour faire un shilling et 20 shillings pour faire une livre. Et une guinée était une livre plus un shilling, c'est dans cette autre unité qu'on payait les professions "respectées", comme les artistes ou les médecins) .
De là, il a fini dans une église baptiste non identifiée jusqu'en 1962 où il fut vendu à l'église baptiste neuve "Gaer Baptist church" de Newport, au sud du Pays de Galles. C'est à cette église que je l'ai racheté.
Il était en état moyen. Pas mal de vrillettes, de poussière, et d'éclaboussures de peinture sur le meuble.
Depuis début octobre, la plupart de mon temps libre a été consacré à un relevage poussé, qui n'est cependant pas une restauration. je n'ai ni le temps, ni l'outillage et encore moins la place pour une vraie restauration dans mon appartement de deux pièces sans cour ni jardin...

Je posterai dans les jours à venir quelques photos du processus de relevage.
Dans son précédent biotope :

Il ne faut pas se fier à sa relative bonne mine sur les photos, l'intérieur n'était quand même pas très propre :

Balanciers de la Subbass 16 et de l'open Diapason 16 du pédalier.

Une fois les balanciers métalliques retirés.

Un peu d'usure... Et un ressort cassé.

Ressort remplacé.

Nettoyé, bois abondement traités, ferrures désoxydées, repeintes, feutres changés, etc.
J'ai même dû faire refaire deux des roulettes, les originales étant trop attaquées par les vrillettes. heureusement il reste à High Wycombe quelques vestiges de l'industrie de l'ameublement qui y florissait au XIX° siècle. C'était là qu'étaient fabriquées toutes les chaises du pays, quasiment.

Il a fallu poursuivre avec le nettoyage de la soufflerie :


Dont les joints ont été refaits à neuf. Une vis a cassé au démontage ce qui a demandé une extraction et un tourillonage.
Les soupapes de l'Open Diapason 16 ont été brossées :


Et l'intérieur du sommier du dit Open Diapason 16 nettoyé aussi :


La table principale, débarrassée de tout ce qui était fixé dessus, a été nettoyée :


Et réinstallée :


Tout ce qui était dessus a aussi dû être nettoyé :


Et réinstallé :


Y compris le sommier du Great (clavier inférieur à, qui a demandé un gros nettoyage, ainsi qu'une réfection des joints de peau entre la table et lui :

Bravo et merci Mathieu pour ce fil très intéressant et instructif !

Merci Jean-François !
Il a fallu refaire un bon tiers de soupapes du clavier inférieur, car les feutres étaient trop imbibés de colle, donc rigides, et il y avait beaucoup de cornements. Des marques sur les soupapes indiquaient que ces problèmes n'étaient pas nouveaux. Donc autant prendre des mesures radicales :

Et remonter le sommer inférieur une fois nettoyé, et les joints de peau remplacés :

Et quelques autres joints pour le système d'alimentation :

Puis nettoyage des claviers. (Je n'ai pas de voiture ici, je n'ai donc pas pu les apporter à l'atelier de mon entreprise pour les polir, hélas...)

Les garnitures de mortaises ne sont pas en parfait état, mais feront encore quelques temps...
Au final, les claviers ont pu être remontés, pour un premier essai (et régler quelques cornements résiduels) :




L'avantage, c'est que tout peut se régler finement, dans ces instruments. Enfoncement des touches de chaque clavier, de l'accouplement, de l'accouplement d'octave... Mais c'est aussi beaucoup de travail, du coup.

Au chapitre des petites choses sans grand importance mais qui prennent un temps fou, remplacer les garnitures des pilotes des deux sommiers :




tourillonner quelques trous de vis du sommier pour qu'il plaque correctement :


Et puis remonter un peu temporairement pour faire une photo et se faire un peu plaisir... Avant de redémonter pour régler des soucis, encore et toujours !

Pour la suite, il a fallu nettoyer le mécanisme de la Subbass 16, avec ses allures de mille-pattes :

Nettoyer le sommier et les anches du deuxième clavier (sommier "sens dessus dessous", avec les soupapes en haut et les pilotes en bas), refaire les joints de peau du porte-vent :

Et nettoyer les tirages de jeux. Ceux-ci sont "modulaires" et se détachent facilement de l'ensemble :


Et prendre plein de photos avant de démonter, afin de ne pas se tromper au remontage :


Car il y a beaucoup de pièces dans ces puzzles :


Il y avait besoin d'un peu de nettoyage :


J'en ai profité pour passer un petit coup de vernis sur les tiges des tirants, qui étaient un peu ternies :


Et comme j'avais acheté une bouteille de vernis à l'alcool, j'en ai profité pour nettoyer et passer un coup de tampon sur les pièces autour des claviers, qui avaient bien besoin d'un coup de frais :



Les tirages de jeux en place, qui tombent pile où il faut :


Et qui font leur petit effet visuellement :

Quel beau travail ! Bravo !

Merci, Olivier.
Bien que ça ne soit pas la première fois que je mette les main dans un Apollo, je reste émerveillé par la qualité des matériaux et la logique et l'efficacité de la conception.
Ne serait-ce que la grande table qui supporte tout, qui fait un pouce (25,4 mm) d'épaisseur !
Du vrai travail de facteurs d'orgues.
La contrepartie étant bien entendu le poids final (et le coût à l'époque aussi, sans doute...).