Registres "hors normes" : avantages et inconvénients

Contrairement au monde de l'orgue pour lequel chaque instrument possède un éventail personnalisé de registres, la particularité de l'harmonium français est que la grande majorité des facteurs aie reproduit scrupuleusement la norme de registration imaginée par Debain, reproduisant ainsi un "standard" à grande échelle.

Seulement, certains facteurs d'harmonium semblent avoir voulu personnaliser quelque peu les registres de l'instrument, et ont ainsi innové. Je propose que chacun cite ici les particularités "hors normes" rencontrées sur les instruments.

Je commence avec Cottino & Tailleur :

Voix Humaine 8 pieds (basses) / Voix Céleste 8 pieds (dessus)
=> Si cela pose quelques inconvénients à la lecture d'une partition "standard", j'y vois au moins un bon avantage : celui de n'avoir qu'un seul (demi) jeu à tirer pour passer du registre (1) le plus employé, au jeu de céleste. Idéal pour la musique de chambre et l'improvisation. Le jeu est aussi complet est continu sur l'étendue totale du clavier.

Harpe Eolienne 16 pieds (dessus)
Rajoute un rang "ondulant" au jeu de Musette, créant un jeu de solo très typé, proche de la Musette à l'accordéon. L'inconvénient est que le résultat sonne assez faux, mais en y ajoutant le Clarinette c'est nettement moins gênant.

Volets "Forte" actifs sur la totalité des registres
Avantages : Idéal pour doser efficacement la main soliste, sonorités plus variées. Très pratique pour le jeu en demi-clavier Clairon / Clarinette.
Inconvénient : le meuble est plus profond.

On trouve aussi le saxophone, le baruphone chez Dumont-Lelièvre, mais ces deux jeux sont dans une optique qui est très loin de la musique de chambre.

De ce point de vue, le reedorgan est nettement plus inventif, même s'il faut admettre que malgré une grande variété de registres, les timbres peuvent parfois manquer d'individualité. Il a malgré tout des choses très intéressantes chez Mannborg (Walfhorn 16, Sirene 8, Echo-kornett 8, Flûte d'amour...). Le souci serait d'avoir un modèle réellement expressif, avec coupure au bon endroit.

Y-a-t-il vraiment des normes?
Beaucoup de facteurs ont pris l'habitude de nommer "Musette" le rang discordé de la Voix céleste. Argument commercial permettant de gonfler artificiellement le nombre de registres.
On voit bien que les compositeurs comme Franck révision Tournemire n'intègrent pas cet artifice puisque la registration 2 + 5 est proposée à la main droite (sinon on aurait simplement V.-C.).
Ce rang discordé s'appelle parfois Baryton (Christophe et Etienne).
La Voix-céleste 8 reste très présente y compris dans le 2 claviers d'Alexandre (sa basse est nommée voix-humaine)

Ne serait-ce pas l'absence de normalisation qui créerait une bonne partie de notre fascination pour cet instrument?

Il y a au moins les 4 registres fondamentaux, qui sont normalisés quant à leur dénomination, leur hauteur et même d'une certaine manière leur timbre. Après, effectivement, les registres supplémentaires sont beaucoup plus libres.

Désolé d'apporter à nouveau un grain de sable dans ce mécanisme si bien huilé en théorie:

Le registre n° 3 se nomme tantôt clairon-fifre, tantôt clairon-flageolet (Al. Rousseau).

Chez Baudet, il existe un hautbois de 16' qui peut être considéré comme n°5 mais qui ne porte pas de n° (il n'y a d'ailleurs pas de n° 4 dans l'instrument considéré).

Ces deux petits exemples pour illustrer à nouveau le dicton "l'ennui naquit un jour..." de la normalisation!

Fifre ou Flageolet, voilà un nom différent pour une réalité qui ne doit pas être si changeante. Le jeu reste d'une sonorité brillante, avec des lames assez fines. Appeler Hautbois 16 une Musette n'est pas non plus fondamentalement une grande originalité. Dans le pupitre des anches doubles, on a le hautbois, le cor anglais, le baryton (hautbois ténor), le basson et le contrebasson. Comme les noms de Cor anglais et de Baryton étaient déjà empruntés sur d'autres hauteurs, les facteurs ont peut-être décidé d'employer le nom de hautbois 16. Donner un nom différent est aussi un moyen de se démarquer des concurrents.

En Moselle on trouve ainsi un facteur d'orgue qui appelait ses voix célestes unda maris (alors qu'il s'agissait de voix célestes) juste pour intriguer les éventuels acheteurs...

Ensuite, on ne peut pas faire de quelques exemples des généralités. Même chez les grands facteurs on peut trouver des exceptions (l'harmonium français a ainsi un Mustel qui n'a pas de 3 dans les dessus, alors qu'il s'agit d'un grand instrument de presque 8 jeux).

Olivier Schmitt a écrit:

Il y a au moins les 4 registres fondamentaux, qui sont normalisés quant à leur dénomination, leur hauteur et même d'une certaine manière leur timbre. Après, effectivement, les registres supplémentaires sont beaucoup plus libres.

Mon précédent propos tendait seulement à relativiser la question des dénominations...

Pour ce qui est du timbre, il y aurait également beaucoup à observer selon les facteurs et les époques de construction.

Quelqu'un sait-il en quoi consiste le rang de violoncelle chez Cottino?
Je pense qu'il ne s'agit pas simplement de (1)+(3)+(4), mais plutôt d'une sorte de voix humaine avec son rang propre.

escolore a écrit:

Olivier Schmitt a écrit:

Il y a au moins les 4 registres fondamentaux, qui sont normalisés quant à leur dénomination, leur hauteur et même d'une certaine manière leur timbre. Après, effectivement, les registres supplémentaires sont beaucoup plus libres.

Mon précédent propos tendait seulement à relativiser la question des dénominations...

Pour ce qui est du timbre, il y aurait également beaucoup à observer selon les facteurs et les époques de construction.

D'accord avec vous.