Debain c.1865 (n°10944 / 16944)

Plus que quelques petits problèmes à régler maintenant.
Du son dans les jours qui vont suivre. On dira que le plus dérangeant, c'est ... la puissance. On sent bien qu'il ne s'agit pas là d'un instrument de salon mais bel et bien d'un harmonium destiné à l'église.

Bravo! A force de pratique, on arrive avec l'expression a avoir un son qui ne soit pas violent. C'est maintenant que les choses deviennent intéressantes.

Disons que j'ai beaucoup de mal à gérer l'expression, et notamment à avoir un son d'intensité stable... Je suppose que cela doit venir avec la pratique !

Voici en tout cas quelques fichiers audios, présentant les quatre jeux de l'instrument :

1. Cor Anglais / Flute
2. Bourdon / Clarinette
3. Clairon / Fifre
4. Basson / Hautbois (Avec ou sans forte, puis avec tremblant... attention, le fichier est lourd !)


Tutti avec "effet cathédrale"

Grand-Jeu

Et bien, je profite de ces vacances pour reprendre entièrement l'étanchéité, étape par étape. Il y avait de plus en plus de fuites, de communications intempestives entre les jeux, etc... dû surtout aux boudins d'étanchéité qui étaient déjà atteints, mais surtout ont encore souffert de la sécheresse de l'intérieur.
Du coup, rajout d'une bande de peau sur la tables des anches pour rajouter de l'épaisseur. Et bien, ça a l'air de marcher.
Re-réglage des claviers également, et nettoyage plus poussé que lors de la restauration.

Il faut maintenant que je rafistole les pompes, qui malheureusement sont le point noir de ma restauration. Il y a bien d'autres choses dont je ne suis pas très fier, mais là, force est de constater qu'il faut un vrai métier pour restaurer complètement les soufflets ! Mais si je le refait, je pense que je m'en sortirai mieux, c'est déjà ça !


Comme je l'écrivait ailleurs, une autre marque, sur le premier ut : A. SARRA

Je viens d'écouter avec retard (il n'est jamais trop tard...) les enregistrements de votre Debain. Je suis frappé par sa justesse et son équilibre. Seul le bourdon 16 parait en retrait mais est-ce peut-être dû à l'enregistrement? Pour un instrument de cet âge , les anches ont l'air impeccables. Les timbres sont typiques de la première générétion de Debain : clairs, nets avec des timbres très distincts. Je retrouve l'esprit sonore de mon Debain de 1855.
Votre bel harmonium respire effectivement la puissance. On l'imagine bien sur une tribune ou dans une église un peu réverbérante!
Le meuble a également belle allure. Bravo pour la restauration.
Vos extraits musicaux sont très intéressants. Des improvisations ?

Oui, oui, rien de plus que de maigres improvisations ! J'en referai d'autres, surement... jusqu'à ce que je ne recède l'instrument à la paroisse qui me l'a prêté... mais avec la demande expresse qu'il soit dans un endroit où il pourra jouer.

L'étanchéité maintenant refaite, c'est .... encore plus puissant. énorme.
Il me faudrait un sonomètre, mais je pense que instrument ouvert, forte enclenché avec le grand jeu, on doit être aux alentours des 90 décibels Certes, on peut obtenir des sons très doux, mais ce type d'instrument n'est pas du tout fait pour le seul. Cela rempli un édifice même relativement vaste. Avec l'acoustique, ce qui peut paraître vulgarité et bruit devient netteté et puissance.

Deux photos des anches justement :

Et d'autres pendant les nettoyage/réglages :
Vous pourrez voir au passage que l'eau (des pots de fleurs) a de nombreuses fois coulé sur l'instrument... Résultat : clavier très taché. Mais la seule solution serai de poncer, et je m'y suis refusé.

Un vrai bel harmonium d'église donc. Une acoustique longue nécessite justement de la clarté. Visiblement les anches ont fait l'objet de plusieurs accords.
Ces harmoniums très puissants sont parfois fatigants à jouer mais très agréables quand on s'éloigne d'eux.

Une question concernant la remise en état du meuble :quel type de cire avez-vous utilisé? Quels traitements avez-vous appliqué?

Justement, cette histoire "d'harmonium d'église" est réellement une question que je me pose.
Je me la posais déjà au tout début quand j'ai acquis cet harmonium :
https://harmonium.forumactif.org/t34-instrument-de-salon-instrument-d-eglise

En effet, je ne suis pas certain qu'à l'époque déjà la distinction se fasse entre harmonium d'église et harmonium de salon. Rien de certain, bien entendu, juste une hypothèse. Mais toujours est-il que je reste convaincu comme vous qu'il faut soit une église ou du moins une belle pièce pour accueillir ce type d'instrument.

Et contrairement à la grosse bêtise que j'ai dite à l'époque (et cela prouve le degré d'ignorance d'où je suis parti), cet instrument est bel et bien verni, et non ciré. J'ai utilisé popote de décrassage avec de la laine d'acier la plus fine, puis popote de brillantage avec de la mèche de coton.

A mon avis la destination de l'instrument se fait sur plusieurs critères :

• qualité de réalisation : les essences précieuses, surtout avec des marqueteries, ne sont pas indiquées dans des lieux soumis à de fortes variantes climatiques (température, hygrométrie) comme les églises ; bois employés pour les claviers, sommiers, structures.
  
• présence ou non d'un clavier transpositeur : dans un salon, pour l'interprétation du répertoire soliste ou d'ensemble, cela n'a aucune utilité, puisqu'en principe l'instrumentiste est capable de transposer par lui-même. En revanche, mais cet argument peut être également utilisé pour l'accompagnement de certain(e)s chanteu(se)rs lyriques qui exigent de baisser la musique, le transpositeur est pratique pour un "organiste du dimanche.
  
• présence des perfectionnements de l'harmonium de concert (percussion, double expression, etc.) et de registres qui n'ont pas d'utilité "cultuelle (quoique cela peut se discuter chez Dumont-Lelièvre, qui construisait des instruments liturgiques fort élaborés).
  
• puissance de l'harmonisation : dans un salon, pour de la musique de chambre une puissance "modérée" est largement suffisante (pour le Requim de Fauré donné à Metz, mon Kasriel, qui est fort sans être tonitruant, était tout bien, mais face à un chœur étoffé et un orchestre avec cors, trombones et trompettes...), alors qu'il faut "pousser" pour une église.

Je crois que la distinction entre harmonium d'église/de salon s'est imposée aux facteurs, en fonction de la demande. Au final, je pense qu'ils auraient préféré conserver l'instrument dans sa fonction concertante, plus noble. Cela aurait certainement été également préférable à l'image de l'harmonium, qui pâtit encore de sa triste image de pompe à cantiques...