Bon, comme j'ai besoin de place, je me suis décidé à restaurer cet instrument pour m'en défaire.
Comme souvent, il y avait nettement plus de travail que prévu !
Cela a commencé avec la caisse. J'aurais pu la laisser telle quelle, mais au final, j'ai préféré rectifier et nettoyer toutes les charnières et la serrurerie, dérouiller et protéger les vis, et puis décaper un peu la crasse dans les angles. Je suis certain qu'il va peser un bon kilogramme de moins après tout ce que j'ai retiré de ses entrailles !
Au passage, Michel Dieterlen dans sa thèse dit que les pièces de laiton apparentes sont recouvertes d'un vernis que le Miror et autres produits agressifs risque d'ôter. Renseignement pris, il s'agit je pense du vernis Zapon, vernis nitrocellulose, pratiquement invisible si on ne l'applique pas en tartines. C'est ce vernis qui jaunit avec l'âge et donne aux pièces de laiton cette couleur "vieil or". J'ai donc fait l'expérience de dégraisser et vernir toute la serrurerie laiton avec ce vernis. Pour le moment le résultat est satisfaisant, on ne le décèle pas à l'oeil et le temps dira si la protection en est efficace.
J'ai aussi dû recoller un angle du meuble qui avait été arraché et mal recollé. Je me demande ce qui a pu arriver pour obtenir ce résultat... ce dût être violent !
La soufflerie est en relatif bon état, sauf la pompe qu'on peut pomper au pied qui avait déjà été (mal) réparée, et qui a nécessité une réparation plus soignée et efficace.
Le pompage au pied s'effectue via une roulette qui soulève la pompe. Elle a beaucoup servi :
Et détail amusant, toute une rangée de trous d'admission de l'autre pompe n'avaient jamais été débouchés après application du papier !
le sommier de pédale a demandé aussi beaucoup de travail. outre le dérouillage des vis, charnières et targettes, tous très oxydés, il a fallu changer les joints de peau et repositionner les targettes de fermeture, car le sommier est cintré et fuyait beaucoup au milieu.
Beaucoup de cochons étaient passés par là avant moi... Toutes les soupapes ont été "repeintes" à la colle à chaud au-dessus, sans doute pour consolider la fixation de la soupape sur le bras. Heureusement, cela n'a pas réduit la "souplesse" de l'articulation à cet endroit. Certaines avaient été refaites, qu'il m'a fallu re-refaire, bien entendu en plus de regarnir les soupapes :
(Je n'ai pas encore percé la peau pour l'alimentation ici...)
Côté anches, quelques unes changées, mais toutes de belle qualité, estampillées de la traditionnelle étoile, une de 16 et une de 8 pour chaque note :
Pour le sommier manuel, j'ai nettoyé les anches, qui étaient très très sales (manifestement cet instrument a beaucoup servi, voir l'état des claviers...), nettoyé vis rondelles et ressorts, changé touts les garnitures de soupapes là aussi, et profité pour nettoyer des gouttes de colle et de cire ici et là, passer un petit coup de papier de verre très fin pour nettoyer le débouché des anches :
Si les soupapes avant sont classiques, celle arrière (second clavier) sont montées sur un rail où elles sont vissées sur un axe commun. Elles sont munies d'une articulation et d'une tige filetée qui permettent au second clavier de les soulever (ici en train de sécher, donc pas dans leur position normale, comme les ressorts -refaits pour certains- l'indiquent):
Je n'ai trouvé de date nulle part sur l'instrument, une étiquette avec un numéro de série rouge à moitié effacé "534" sur un porte-vent de pédale, et 110 et 114 frappés sous la seconde touche des claviers, respectivement...
Il me reste à finaliser la réparation de la soufflerie, nettoyer, replaquer et polir les clavier, puis tout le gros travail de réglage d'enfoncement, d'harmonie si besoin, et puis accord. Sans oublier la réfection du système d'alimentation par un moteur extérieur.
Cela fera un bon instrument de travail pour les organistes qui n'ont pas la chance ou le courage d'aller travailler sur un vrai orgue !