Question sur le jeu voix céleste

Je cite le site harmonium.fr :

Citation :

[le jeu de voix céleste] est typique de l’harmonium et représente l’une de ses spécificités au point que certains dont Michel Dieterlen, auteur d’une thèse colossale et remarquable sur l’harmonium, n’hésitent pas à appeler l’harmonium "La voix céleste du second empire".

Pas tout à fait d'accord pour dire que ce jeu est typique de l'harmonium, mais force est de constater que même sur de très petits intruments de 1 jeu 1/2, le demi jeu est une voix céleste.

Néanmoins, les instruments les plus anciens (antérieur à 1870 environ) n'en ont pas.

Sait-on quand ce jeu si particulier est apparu ?

L'accordéon, antérieur à l'harmonium, possède aussi une voix céleste sous le nom de "Musette". Je ne sais pas si les premiers accordéons en possédaient. Quand à l'orgue, la voix céleste s'utilise en principe avec le jeu de gambe, ces deux jeux ont le même timbre, je crois et sont en battements. Si je me remémore mes souvenirs d'enfance, mon père, facteur d'orgue, m'expliquait que pour avoir un joli battement, on accorde sans battement chaque note de la voix céleste avec la tierce majeure inférieure d'un jeu juste (prestant ou montre, je ne me souviens plus). Amicalement

Ah pas mal... je n'y aurais jamais pensé! Comment font les facteurs d'orgue actuellement, je ne m'étais jamais posé la question jusque maintenant...

Pierre nous dira peut être quelles sont les premieres traces de voix célestes qui sont en sa possession...

Disons que c'est parce que l'orgue possédait déjà la voix céleste que je disais n'être pas tout à fait d'accord pour dire qu'il était plus où moins caractéristique de l'harmonium.

Peut-on parler de "contagion" (positive !) de l'orgue vers l'harmonium ? Possible ...
Dans ce cas, il faudrait connaître les premières apparitions de la voix céleste (ou de tout autre jeu ondulant) dans les orgues de facteurs français (les ondulants étant - si mes souvenirs sont exacts - depuis longtemps présent ailleurs en Europe, Italie notamment).

A l'orgue, les ondulants dont anciens. On trouve déjà la "Voce Humana" (en jeu de fond) en Italie à la Renaissance, le Piffaro II en Italie et en Allemagne du sud aux XVIIe et XVIIIe siècles. Au XIXe siècle, les premières voix célestes étaient des flûtes (c'était encore le cas à Saint-Sulpice), c'est ensuite qu'elles se sont imposées en gambes (gambe et voix céleste, salicional/dulciane et unda maris). On trouve encore la flûte céleste, aux battements très lents.

A l'harmonium, l'arrivée du jeu ondulant n'est malgré tout pas trop tardive, certainement en imitation de la suave sonorité de l'orgue. A la différence que la voix céleste 16 de l'harmonium évoque plus l'unda maris de l'orgue, surtout dans les instruments d'art, où les deux rangs sont très légèrement désaccordés (un par le dessus, l'autre par le dessous, ce qui donne une ondulation calme et douce et laisse la possibilité d'ajouter un autre 16 — musette ou clarinette pour encore modifier la couleur). La sonorité ondulante plus tranchante vient avec la harpe éolienne (2 dans la basse, 8 dans le dessus).

A l'orgue, les ondulants ont longtemps été des Principaux: Voce umana, Bifara, Piffara, Pifra, Bifra...Depuis le 16ème siècle en Italie, en effet.
Le nom "Unda Maris" a été inventé par Eugen Casparini en 1697 ("Ondamaris"), et donné à un principal étroit en bois.
Par la suite, le 18ème siècle a vu un engouement incroyable en Allemagne pour les ondulants, qui ont été construits sous toutes les formes imaginables: Flûtes, Principaux et Gambes. A un seul rang, avec bouches asymétriques; deux rangs, dont un de 8' et l'autre de 4'; tuyaux doubles (avec pied commun donc) chez Trost;deux rangs...

Vers la fin du 18ème siècle et jusque vers 1840, le puritanisme eut raison de ces jeux "profanes", et beaucoup disparurent -un phénomène trop méconnu de nos jours-.

Cavaillé-Coll a dû trouver l'idée en Espagne, où Jordi Bosch construisait des ondulants flûtés, justement.
Quant au nom "Voix céleste", il dérive probablement du "Jeu céleste" de Callinet, qui est un Salicet 4'.

Pierre Lauwers a écrit:

Le nom "Unda Maris" a été inventé par Eugen Casparini en 1967 ("Ondamaris"), et donné à un principal étroit en bois.

1967 ? ou 1667...

De quand peut-on dater, En France, la construction d'instruments possédant un ondulant chez Cavaillé-Coll ? Si on parle bien de Dominique Cavaillé-Coll, il était de retour d'Espagne dès 1800...

Oups, corrigé; lire: 1697.

Aristide Cavaillé-Coll aussi a travaillé en Espagne. Très certainement a-t-il visité
des instruments de Jordi Bosch, avec certains traits caractéristiques:

-Leurs sommiers à doubles, voire triples layes
-Leurs jeux de fond harmoniques et ondulants
-Leurs entailles d'accord
-Leurs pédales de combinaison (inventées avant J. Bosch)
-Leurs souffleries surdimensionnées (15' de jeu sans souffleur)

En facture d'orgues comme ailleurs le "génie" d'un seul n'existe
que dans les contes de fées.

Alexandre fut également le premier à déposer un brevet ayant pour objet la registration des accordéons. Il s'agit du brevet n° 4747, pris en 1846. On y parle d' " un système d'accordéons à pistons ou registres, lequel permet de faire parler à l'aide d'une seule touche un ou plusieurs jeux, ensemble ou séparément" A cette époque : voix céleste, voix humaine, flûte, trémolo.

Parfois lorsqu'on parle d'accordéon on emploie indifféremment les termes "Céleste" et "Musette". Pour l'accordéon on appelle "Voix", un jeu d'anches donné. A partir des différentes voix on construit les "Registes". Donc un registre peut être constitué d'une seule ou de plusieurs voix. Cependant alors que le timbre "céleste" est obtenu au moyen de 2 voix, appelées "flûtes" dont l'une est accordée juste et l'autre légèrement plus grave qui sonnent simultanément, en produisant des battements, le registre "Musette", ( registre typiquement français), proprement dit est obtenu au moyen de 3 voix, 3 flûtes, l'une accordée juste, une autre plus aiguë et la troisième d'autant plus grave que la deuxième est aiguë.