Cela fait un moment que l'idée me trotte dans la tête, et je passe à la réalisation aujourd'hui :
Je vais essayer de passer deux languettes cassées de mon Alexandre de 6 jeux (1865) au microscope électronique à balayage (MEB pour les intimes).
C'est un outil de base dans mon métier (science des matériaux), mais je m'aperçois qu'un petit descriptif rapide ne serait pas de trop.
Cette page répondra à toutes vos questions :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Microscopie_%C3%A9lectronique_%C3%A0_balayageL'objectif n'est pas de voir l'état de surface des languettes, mais leur composition et leur microstructure.
Pour cela, j'ai pris deux languettes cassées que j'ai conservées pour les refaire plus tard à l'identique (une autre idée qui me trotte dans la tête...).
Une de la Musette de 16, l'autre du N°1 à percussion, pour voir s'il y a une différence.
J'ai poli la face inférieure (la plus lisse à l'origine) aux papiers 500, 600, 800, 1000, 1200 et 2400.
lubrification à l'alcool, rinçage à l'eau chaude et au bac à ultrasons (eau) entre chaque granulométrie jusqu'à 1000, rinçage à l'eau chaude puis dans un verre d'alcool propre dans le bac à ultrasons au-delà.
J'ai travaillé comme un cochon (pas de gants, pas de post-rinçage à l'alcool...) parce que j'ai fait ça chez moi : j'ai des remords à utiliser les appareils du labo pour des manips perso (sauf le MEB, mais ça, c'est arrangé).
Je vais donc essayer de voir la structure de l'alliage (taille et forme des grains, répartition des métaux dedans) et sa composition.
Pour mieux comprendre, jetez un oeil à cette page :
http://lopfa.etsmtl.ca/equipements.phpLa première ligne d'images, montrant un dépôt d'or, utilise le mode dit "électrons secondaires", et permet d'observer la topographie de la surface. Ici, il ne m'intéresse pas.
La deuxième ligne utilise le mode "électrons rétrodiffusés" et met en évidence les variations de composition de l'échantillon. On voit sur cet exemple les grains d'un alliage à base de nickel, leur taille, leur forme, les domaines noirs entre les deux (nommés "joints de grains). Les différences de gris indiquent des différences de composition, on appelle parfois ça le contraste chimique.
La troisième monte une cartographie EDX : elle permet d'estimer la composition chimique de l'échantillon, et dans certaines conditions d'en faire la cartographie. C'est pour cela que j'ai pris la peine de polir les languettes, pour assurer des zones suffisamment planes pour avoir une mesure fiable en EDX.
Normalement, cette semaine ou la semaine prochaine, je fais les observations (ça dépendra des créneaux et de mon emploi du temps...).
Si ça marche, je vous montrerai ces clichés, et s'ils ne m'inspirent rien de concret j'essaierai de demander l'avis de confrères spécialisés dans les alliages métalliques.
Enfin, si ça marche, je lance un appel à contribution pour récupérer quelques autres bouts de languettes d'autres facteurs et d'autres époques pour comparer et voir ce qu'on peut en apprendre.
Et si quelqu'un a déjà fait ces manips, qu'il se manifeste, ça m'évitera pas mal de boulot (le polissage est fastidieux, même en travaillant comme un cochon !).