Orgue-célesta Mustel N°2324-1207-500

Bon, suite aux messages subliminaux délivrés dans un récent fil, cette présentation n'étonnera pas vraiment.
Il se trouve que j'ai eu la bonne fortune d'acquérir en début de semaine un orgue-célesta Mustel.
Je dois avouer que je n'y ai cru qu'une fois installé chez moi (et le fait qu'il existe encore des personnes d'aussi haute probité que la veudeuse me réconforte aussi, le veau d'or ne règne pas encore partout !).
La date estampillée sous la première touche du clavier d'harmonium est le 25 6 12.
Le meuble est typique de l'époque, art nouveau :






Il y a quelques rayures, accrocs et éclats ici et là, mais dans l'ensemble, il est en bon état.
(Désolé pour les photos au flash, mais pour le moment, je n'ai pas mieux !)

Il est complet, c'est à dire 5 jeux dans les basses et 8 dans les dessus, avec le registre de contrebasse, qui ouvre la première octave du Bourdon, pour l'utiliser avec le prolongement, le prolongement (on s'en doutait), les fortés fixes et les métaphones.
Le deuxième clavier actionne le célesta, de 4 octave, en 4', la première octave étant en accouplement permanent au premier clavier (en effet l'octave du bas existe sur les modèles à 3 claviers, mais ce n'est vraiment pas très beau, et en revanche le poids est considérable !).




Il était assez empoussiéré :


Quoi que fonctionnant encore, la soufflerie sera à refaire sous peu.
J'ai résolu des problèmes de cornements de jeux, mais il reste de gros soucis de fuites. En effet la table des registres s'avère être légèrement gondolée, qui qui crée des pertes d'air sur les côtés du sommier. Mais on en viendra à bout avec de la patience et de la méthode (et l'aide de Louis Huivenaar).
Et il y a deux anches qui frisent irrémédiablement. J'ai vérifié, elles sont faussées et sans doute fêlées à un endroit ou un autre. Dommage !
Et on remarque que c'est toujours la note dont on a besoin qui frise affreusement !

Voilà, maintenant, vous savez tout (ou presque !).

MERCI MATHIEU pour cette présentation...
et FELICITATIONS pour l'acquisition de cette merveille
Philippe DUFOUR.

Merci !

J'oubliais les deux petits bonus :





Il a toujours sa clef et son banc (du moins celui-ci ne dépare-t-il pas trop. Il n'est pas estampillé Mustel, cependant...).

Félicitations Mathieu! Encore une belle pièce dans ta vaste collection!
J‘ai aussi la clé mais pas de banc...

J'aimerais bien qu'on me confirme (ou infirme) que c'est bien le banc d'origine, d'ailleurs.
Et bien sûr, tous les forumistes qui passent par Toulouse sont les bienvenus pour venir l'essayer (même si il va y avoir besoin de travaux, c'est déjà pas mal tel quel !).
La mère de la vendeuse prenait des cours avec Joseph Bizet, organiste du temple du Saint Esprit de Paris, harmoniumiste aussi. Quelqu'un aurait-il des renseignements biographiques sur ce monsieur ?

Bravo pour cette magnifique acquisition, c'est tant mieux si de pareils instruments arrivent entre les mains des passionnés que nous sommes dans ce forum.
Ce qui est rigolo c'est que je pensais à un Mustel/Célesta, mais il ne s'agit pas de celui-là. L'autre en question, présenté ici dans les petites annonces sous le titre 'Mustel Clesta" a été surenchéri bien au-dessus de mes moyens. Consolation : a priori il devrait rester en France.
Pour reprendre votre expression Bastien, c'est vrai qu'il y a de quoi se pâmer !
A très bientôt pour de nouvelles aventures ...

Mathieu a écrit:

Et bien sûr, tous les forumistes qui passent par Toulouse sont les bienvenus pour venir l'essayer

Ben tiens, je ne vais pas me priver...

Concernant Joseph Bizet, il y a sa "méthode spéciale d'harmonium" : http://www.sudoc.abes.fr/DB=2.1/SRCH?IKT=12&TRM=004904605
Et il a été le premier professeur de Françoise Renet : http://www.musimem.com/renet_francoise.htm
Mais je suppose que cela, tu l'avais déjà trouvé...

Voici ce que dit le "Dictionnaire des organistes français des XIX° et XX° siècles" de Pierre Guillot à propos de Joseph Bizet :
"BIZET Joseph Emmanuel Toussaint, né àParmain (Yvelynes) le 11.VIII.1876-mort le 12.VI.1961, élève d'Alexandre Guilmant au Conservatoire de Paris, il y obtient un second accessit d'orgue en 1899. Il a voué sa production à l'orgue Mustel.
Titulariat : Paris, église réformée du Saint-Esprit (1919-1960) à la suite de Wadia Sabra et une vacance de dix ans.
Publications : Méthodes d'harmonium (1903 et 1922)"
Je me joins au concert de félicitations pour votre belle acquisition ; c'est ce qu'on appelle une "veine de cocu" (vous devriez faire gaffe...)

Merci de vos félicitations (imméritées !) et de vos renseignements.
Au passage, cet instrument ayant été acquis d'occasion en 1937, je soupçonne qu'il ait été remis en état ou du moins reconditionné légèrement à ce moment. En effet, la garniture des soupape est constituée d'une double épaisseur de peau, et non pas d'une couche de feutre rouge épais collée à la peau comme c'est toujours le cas chez Mustel. De plus, plusieurs anches semblent déjà avoir été changées dans la Harpe Eolienne et le Fifre.

Qu'a-t-il vécu entre 1912 et 1937, mystère...

Bravo Mathieu pour ce superbe instrument qui devrait t'apporter beaucoup de plaisir musical après une petite remise en forme! Tu peux te prévaloir de jouer tout le répertoire d'harmonium d'art... Le meuble est magnifique!

Jospeh Bizet était le comparse d'Alphonse Mustel pour les tournées que celui-ci a effectuées en Europe dans le premier quart du XXe siècle. De plus, il a également co-signé les exercices du deuxième tome de la méthode d'Alphonse Mustel en 1903.

A ma connaissance, il n'y a eu a qu'un modèle de chaise commercialisé par Mustel ainsi que de grands bancs (différents modèles) pour leurs deux claviers/pédalier.

J'ai déplacé les messages de Philippe Dufour, mais j'intègre ici une partie de sa contribution :

Philippe Dufour a écrit:

IL est toujours bon d'attendre avant de répondre...
car tout est bien dit...
Rien a ajouter concernant Joseph Bizet
qui a été parfaitement "cerné" par Bastien, Franck et Emmanuel bien sur ...
Pour participer ces photos ...
Bonne journée

Question qui me trotte comme ça dans la tête : quel est l'état du célesta ? J'avoue même que je ne sais pas trop comment cela se présente... Les réglages (s'ils sont nécessaires) sont-ils faciles à faire ?

Pour le moment tout marche à peu près. Le premier do est un peu fainéant à répéter, certaines notes nécessitent d'être vraiment attaquées fort pour sonner.
Les spécialistes sont consultés et je m'y intéresserai en temps et en heures.
Pour le moment, on va se concentrer sur les soucis de l'harmonium, et au premier chef, la réfection de la soufflerie.

De grandes parentés avec le mien... et des différences.

Les velours étaient complètement mités sur le mien... il faut d'ailleurs que je m'occupe de ceux des forte expressifs, mais le couvercle ne s'ouvrant pas à l'arrière... ce n'est pas très visible.

Pour ma part j'ai fait refaire la barre de prolongement en laiton usiné dans la masse (ça sert d'avoir un papa qui a été tourneur fraiseur ajusteur avant d'être prof en lycée technique !). On ne remarque par de différence dans le toucher, mais c'est nettement moins fragile dans l'utilisation de ce mécanisme.

Me voilà redescendu du ciel pour partager quelques photos (et des enregistrements.... ? nous verrons si vous êtes sage).

Tout d'abord quelques vues générales de l'instrument : claviers fermés, ouverts puis avec la partie supérieure ouverte.

Quelques marques d'appartenance...

Le fonctionnement du forte expressif : lorsque la pression augmente, un petit soufflet se gonfle, ce qui ouvre les volets de forte.

Les anches. Vous remarquerez que la caisse n'est pas vernie. Autre chose : le travail du bois sur la basse (seconde photo). Les anches ne sont pas disposées à plat, mais légèrement de biais.

Les métaphones :



La percussion :

Le célesta :

Ici, nous voyons comment on peut influer sur l'harmonie du célesta : la caisse de résonance peut-être plus ou moins ouverte.

Merci Bastien de pallier mes piètres compétences photographiques !!
Et merci de ta visite, aussi !

Oh ! Surtout merci à toi d'avoir supporté mes élucubrations improvisatoires...
Et tu as droit aux photos en HD si tu le souhaites.

J'ai comme l'impression que Bastien a eu un avant-goût de Noël en passant chez Mathieu.

Dans les basses de certains jeux, en fait les anches sont disposées en escalier, pour offrir une petite cavité de résonance (au débouché) proportionnée à la taille de la languette.

Ingénieux le forté expressif. Et quelle sacrée mécanique en général. Je n'ose imaginer le coût de production d'un tel instrument de nos jours. Un piano me semble plus simple à construire (et accorder) d'où sa suprématie