chez Alexandre Père & Fils... vers 1945

Celui qui m'envoie ce message est sans doute bien trop timide pour l'écrire ici-même.
Mais à force de le titiller, il a tout de même consenti à me donner ces quelques lignes de fugaces souvenirs....

Citation :

Chez Alexandre Père et Fils…

C’est un souvenir bien confus, et pourtant…
J’ai toujours rêvé de jouer de l’orgue, et je n’ai réalisé mon rêve qu’assez tard. En attendant, je ne sais plus par quel canal, j’avais entendu dire qu’on pouvait louer un studio avec orgue à la maison Alexandre Père et Fils, rue Lafayette, à deux pas du square Montholon. J’avais une dizaine d’années (je pense que cette histoire se situe en 1945) et je réussis à convaincre ma mère de m’emmener chez Alexandre pour louer ce fameux studio.
Nous habitions le quartier des Buttes-Chaumont, et ce n’était pas bien difficile : du métro Danube au métro Poissonnière, c’était direct !
Nous arrivons donc devant la devanture d’un vert très foncé au dessus de laquelle était écrit en lettres d’or sur du marbre noir : Alexandre Père et Fils. Dans la vitrine et la boutique, de somptueux harmoniums. Nous entrons et nous adressons à un comptoir où une dame, voyant mon jeune âge, et malgré notre insistance, nous dit qu’il ne sera pas possible d’accéder au studio d’orgue, mais qu’elle veut bien nous louer un des studios d’harmonium électrique à pédalier.
Nous descendons un escalier à vis qui nous mène au sous-sol. En face de l’escalier et légèrement à droite se trouve le studio d’orgue. La porte est ouverte et je peux contempler l’instrument avec ses tuyaux. Ce ne devait pas être un instrument bien important, mais il m’a fait longtemps rêver.
Nous nous enfilons dans un couloir sur la gauche duquel se trouvent des portes. L’une s’ouvre et je me trouve devant un instrument à deux claviers et pédalier. La personne qui nous conduit manœuvre l’interrupteur et la soufflerie commence à ronronner. Il ne me reste plus qu’à jouer… Tout mon répertoire des inventions de Bach y passera, ainsi que des cantiques reconstitués d’oreille et bien sûr le « choral » de Schumann, de l’Album pour la jeunesse. Je revins dans ce lieu peut-être trois ou quatre fois. Combien de jeux avait cet instrument ? Il me semble bien qu’il avait juste un jeu par clavier et au pédalier… Mais mes souvenirs sont trop flous pour que je puisse en dire davantage !

Très beau témoignage !
A note que dans la biographie de Jeanne Demessieux par Christiane Trieux-Colleney, on peut lire que celle-ci louait un studio avec un harmonium à deux claviers et pédalier pour y travailler, en attendant de faire son entrée dans le monde de la musique avec sa célèbre série de récitals à la salle Pleyel en 46, organisés par Dupré pour la lancer.

Oui, très intéressant!
Il ne manque plus qu'une belle photo d'époque pour illustrer ce beau témoignage