Mustel N°313 et N°956-734

Des amis collectionneurs ont décidé, l'âge venant, de réduire leur stock d'instruments.
Ils m'ont proposé de racheter un de leurs Mustel modèle N°4 (deux claviers).
Choix cornélien :
- N°313 (1880) est presque intact intérieurement (légères fissures au sommier au niveau des dessus du N°7), mais le meuble a été détruit. Il était stocké dans la pièce où les élèves d'Eton College (la boîte à bac pour fils de riches et d'aristocrates britanniques) rangeaient leurs battes de cricket. Le couvercle a disparu, le tirage de jeu a été détruit, il manque la moitié des moulures et celles qui restent sont dans un état qui leur fait envier leurs voisines disparues. Pour ces raisons, mes amis l'ont surnommé "Eton Mess", qui est un dessert typique anglais, et mess désignant une catastrophe, un gâchis.
- N°956-734 (1898) est extérieurement en bien meilleur état. Il a fait partie des cinq Mustel qui servaient à la BBC. Le meuble a un peu souffert, mais rien de comparable à l'autre. Le détail qui tue, c'est que quand ils l'ont racheté, l'instrument était... intégralement peint en vert pomme, à l'exception des touches et des tirants de registres. Bien qu'ayant été patiemment décapé, il reste dans le vernis incrusté des points verts un peu partout. Côté interne, la soufflerie a été restaurée, mais le sommier comporte deux longues fissures (N°2 et N°4), et quelques anches ont été changées (l'une d'elle par une anche d'aspirant modifiée !). Il n'est pas jouable pour le moment. Il avait bien entendu écopé du surnom de "Greeny".

Choix difficile, tranché à la façon du noeud gordien : j'ai acquis les deux.
Deux semaines de travail sur le N°313 l'ont remis à flot, et à part la difficulté de tirer les jeux, c'est vraiment un instrument extrêmement agréable à jouer et à écouter.
J'attends que mon ébéniste soit disponible pour avoir le meuble du N°956 décapé et restauré professionnellement. Probablement l'an prochain. Quand ce sera en cours, je restaurerai la partie instrumentale.

Je suis un peu occupé ces temps-ci (notamment par la restauration d'un sommier de Mustel modèle N°2 pour un ami, totalement décollé, fendu, avec des vis d'anches cassées par les précédents cochons passés dessus... le pire que j'aie jamais vu), mais je vais essayer de publier des photos des deux instruments au fur et à mesure, quand j'aurai le temps.

Deux numéros 4 d'un seul coup : chapeau ! Vous allez pouvoir comparer les sonorités à presque 20 ans d'intervalle.
C'est un modèle très intéressant pour lequel on ne possède pas - à ma connaissance - de répertoire spécifique, ce qui -évidemment - ne signifie pas que l'on ne peut rien jouer
Bravo pour ces acquisitions et bon courage pour les travaux !

Sales gosses de riches... Et pour l'autre, quelle idée de peindre le palissandre en vert pomme... perfide Albion... Le meuble du premier a l'air difficilement récupérable. J'ai bien une idée pour avoir un instrument en très bonne condition, mais avec des sacrifices difficiles.

FELICITATIONS ! Vite en France !!!

Cela attendra que je déménage et quitte pour de bon la perfide Albion. Ici ou ailleurs, là n'est pas la question.
Pour ce qui est du noir, il ne faut pas s'attendre à jamais le jouer en duo avec un autre instrument, car il est accordé au ton victorien, 455 Hz.
Le plus tardif, je ne sais pas encore.

Je commence à m'attaquer à la reconstitution du tirage des jeux du noir. Petit à petit.

Premiers tests, ça se présente bien :


Je ne vais riveter qu'un côté de l'axe qui retient la came dans le socle en laiton, et non pas les deux comme à l'origine, pour faciliter l'éventuel démontage.
De plus, les premier essais de rivetage des deux côté ont abouti à éclater le bois. L'acier d'époque devait être plus malléable.
Je vais mettre une rondelle auto-bloquante d'un côté, ce sera moins élégant visuellement, mais plus prévenant à l'égard de mes successeurs.

Merci à Dominique pour le bois de buis et à Edward Dean pour l'usinage en copie du seul exemplaire à peu près intact.