Reed Organ Arthur Spencer N° 2405, 1938

Depuis le temps que je parle des reed organs anglais, que je vous ai montré les tripes de l'Apollo (et encore, j'aurais d'autres choses à montrer à ce sujet), il fallait bien que je finisse par vous présenter Arthur Spencer (Spencer pour les intimes).
Alors voilà le pedigree de la bête :


Et une vue globale en position fermée :


Puis ouverte :


Détails des "stop jambs" comme ils disent là bas :




Et les bascules d'expression :


Il compte 14 jeux, mais seulement 10 rangs d'anches (3 jeux sont "dérivés" c'est à dire que le même rang est sous-alimenté).

Il a bien des défauts. Des défauts inhérents :
- les cotes sont fantaisistes, surtout au niveau du pédalier, qui est très étroit et très décalé
- on se tape les genoux sous le clavier du Great
- il n'y a pas deux claviers avec le même enfoncement ni le même toucher.

Et des défauts dus à l'âge :
- certains plaquages se décollent et bloquent les touches
- la course du pédalier avant que les notes ne parlent est énorme (il n'est déjà pas facile à jouer en tant que tel, ça n'arrange rien !)
- le tirage des jeux est dur
- il est subtilement faux un peu partout et franchement dans les choux dans les basses du Principal 4'

Mais j'en suis tout de même content, cela permet de travailler l'orgue au chaud et sans contraintes. Certains jeux sont très beaux, surtout les deux 16' manuels, et le 4' du Swell aussi. la voix Céleste (combinaison du Salicional avec le Oboe désaccordé) convient particulièrement à la musique XX° (Duruflé, Tournemire) et le tutti du clavier de Solo, boîte fermée, ronfle autant qu'un récit d'orgue symphonique (les anches se situent juste derrière le porte-partitions, qui au passage est très large et très pratique).

Il me faudra un jour me décider à ouvrir tout ça et faire les travaux qui s'imposent. Mais en l'absence d'atelier pour travailler tranquillement, je m'occupe d'abord de ceux qui sont moins volumineux et moins problématiques.

Je suis en cours de nettoyage/refeutrage des claviers de mon Apollo, ce sera ensuite le tour du sommier de Swell de se voir "remis en état" (je n'oserais pas prétendre à la restauration...)

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Disons que c'est un petit souvenir que j'ai ramené avec moi après mon année de post-doc là bas...

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En tout cas, pas facile à mettre dans un cadre ni à poser sur la télé...

Un peu effrayant de constater que cette esthétique de console-américaine-d-avant-guerre continue à sévir dans le petit monde des organistes.
Je pense naturellement à la console du g.o. de N-D de Paris mais aussi aux modèles de série Allen.

Pour un instrument construit avant-guerre en UK, ça semble normal tout comme le fait que cela perdure aux USA et le Commonwealth...
Pour NDP cela a été le choix des facteurs et experts de reproduire le modèle de la console de Cochereau, dans des matériaux plus nobles. C'est assez pratique à l'usage (paraît-il), mais je trouve cela nettement moins classieux que la console en amphithéâtre.

Pour les numériums... la solution c'est du combustible et une allumette...

Il ne s'agit pas d'un modèle américain, mais bien britannique, merci de ne pas confondre !
Celui-ci semble d'ailleurs avoir été fait "sur mesure" ou pour une exposition, avec des tirants d'orgue plutôt que les tirants de reed organ usuellement observé sur la production de Spencer.
http://tardis.dl.ac.uk/FreeReed/English/organ_book/node8.html#SECTION00082000000000000000

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C'est un orgue à anches libres. Il n'a pas d'expression dans le vent, une soufflerie électrique, des registres complets sur toute la tessiture des claviers, une nomenclature d'orgue...

Pour posséder des instruments fort différents :
- un harmonium français de 4 jeux ½ (Kasriel) ;
- un reed organ d'art allemand à deux claviers, aspirant avec expression et prolongement de 9 jeux ½ (Mannborg) ;
- un reed organ sans expression dans le vent à deux claviers et pédalier, 7 jeux, 3 boîtes expressives (Pedalion van den Burg) ;
Je dirai que les deux premiers ressortent de l'harmonium et le troisième de l'orgue. C'est l'expression dans le vent qui est le critère déterminant, plus que le sens du vent (pression/dépression) et le type d'anches (d'ailleurs mixte sur le Mannborg, certains jeux étant aspirants, d'autres foulants).

Je ne puis résumer mieux les choses que ne vient de le faire Olivier !

Avec Mathieu, nous avons retrouvé son frère quasi-jumeau dans une petite église des Hautes Pyrénées... mais sans moteur et sans pédalier.
Cependant il s'agit ici d'un modèle "standard". Les tirants de registre sont bel et bien ceux d'un reed organ.

Et à la (re-)lecture de cet article traitant des instruments Crane et Spencer, on se rend compte que Crane n'était qu'un revendeur, et Spencer principalement un fournisseur de revendeurs, ayant peu de production écoulée directement "à l'atelier".

http://tardis.dl.ac.uk/FreeReed/English/organ_book/node8.html

Donc il s'agit vraiment d'un jumeau, qu'on peut dater du début des années 30. Il faudrait l'ausculter pour trouver son numéro de série.
En tout cas, un instrument intéressant, très semblable au N° 2405, avec une Musette 8' en plus au Swell (dérivé du Salicional ou jeu véritable ?) et un accouplement Solo/Great à a la place de l'octave grave du Great.

J'étais vraiment surpris de trouver là un tel instrument !

Bon, eh bien comme j'ai eu (et que j'ai encore) du temps, je me suis lancé dans un modeste relevage de mon Spencer.
Démontage, dépoussiérage, réglage du pédalier, des claviers, colmatage de fuites, changement de certaines garnitures de feutre, accord, remontage... tout cela m'a occupé un bon mois et demi !
J'avoue qu'au bout de 9 rangs d'anches, j'en avais plus qu'assez d'accorder.

Voilà l'état "démonté" :

Le sommier Great/Swell :

La bonne surprise : une date tamponnée au fond de la première gravure du Great etdu Swell : le 8 IX 38

J'ai changé les garnitures de soupape de pédale, vraiment abîmées, et installé des cales pour que le pédalier parle dès le premier mm d'enfoncement des touches, ça change la vie !
Remise en place du grand sommier :


La suite au prochain épisode !