Harmonium 2 claviers / pédalier à identifier --> Christophe & Etienne

A identifier, car j'ai fait une énorme bourde. En fait, on pourrai lancer des paris puisque je ne pourrai pas y retourner avant deux semaines (a priori), et donc tout simplement lire la plaque.

Mais commençons par le début.
Non loin de chez moi, petite église récente (années 30), et en tribune un énorme 2 claviers/pédalier.

Mais "interdit" d'y monter : on sent clairement un amas d'objets mis là pour éviter que n'importe qui ne monte. Mais pas de cadenas.
Alors, je tourne, j'hésite, laisse tomber, puis me décide enfin.
Une fois monté, deux photos en vitesse, pour ne pas me faire "pincer" (même si je pense que je n'aurais pas risqué grand chose !

Et là, alors que je pensais avoir photographié la plaque (en fait celle du restaurateur je pense : DELIANCOURT - facteur d'orgues / Fontenay-le-Comte (Vendée)), je me suis aperçu qu'il ne s'agissait pas du fabriquant, qui elle est au dessus des claviers...
J'aurais cependant tendance, au vu de la photo et avec beaucoup d'imagination, à lire "Christophe et Etienne" Serai-ce possible ?

Bref.... Voici quand même quelques photos.
Les paris sont ouverts !







donc la composition telle qu'elle se présente à la console (et ce qui m'interpelle en premier lieu, c'est le mélange de jeux typés harmonium, et d'autres typés orgue... Pourtant c'est bien un 100% anches libres...). Pas totalement certain de tout (photo pas trop lisible).

Premier Clavier :
Bombarde / Baryton 32
Harpe éolienne 16
Basson / Hautbois 8
Clairon / Fifre 4
Contrebasse / Voix Céleste 16
Bourdon / Clarinette 16
Cor Anglais / Flûte 8
(Percussion, tremolo, forte, Copula)

Second Clavier :
Contre basson / Vox Angelica 16
Voix Humaine / Unda Maris 8
Prestant / doublette 4
Saxophone / Cromorne 16
Violoncelle 8 / Harpe éolienne 8
Euphone / Musette 16
Viole de Gambe / Flûte douce 8
Cornet (tire viole de gambe + saxophone)
(forte, tremolo)

Pédale :
Bourdon 16
Bourdon 8

Il ne me reste plus qu'à y retourner... accompagné d'une personne "officielle" pour éviter tout souci.

.

Après avoir trituré mes maigres photos, je déchiffre un "H. CH ************ NNE"
Alors, alors... nous verrons bien !

.

Oui oui oui oui oui .... Je vais m'y intéresser de Très près je crois
(non, non je ne l'embarque pas dans mon 39 m², seulement avoir déjà l'autorisation d'analyser la bête)

.

Je ne l'ai pas touché, car n'étant pas "autorisé" à y promener mes doigts.
Mais, entre temps, j'ai rencontré une des organistes de la paroisse (qui concerne plusieurs églises) qui m'a dit l'avoir déjà joué pour un mariage. Cette église est très peu utilisée pour le culte
Apparemment, il marcherai... plus ou moins, et ce sont surtout les touches qui restent coincées à l'enfoncement. Bref, des notes vrillées à coup sûr.
Pour le couvercle, je rejoint votre analyse.

Je vous tiens au courant de toute façon.

L'instrument est effectivement très intéressant.

Un détail m'intrigue, c'est le meuble.
La réhausse semble réalisée dans un bois différent du corps inférieur de l'instrument, avec un degré de finition supérieur. Elle parait pourtant bien intégrée à son support.
L'ensemble est cependant soigné avec un banc assorti. Il n'est pas impossible qu'il s'agisse d'une pièce unique provenant d'une commande spécifique. Les registres de couleur sont également inhabituels, tout autant que les dénominations qu'ils portent...

Vivement votre prochaine visite pour identifier son facteur. S'il s'agit d'un Christophe-et-Etienne, il serait le plus important instrument que j'ai jamais vu provenant de cette maison.

A suivre !

Debain 51

Des nouvelles :
Il s'agit bien d'un Christophe & Etienne.











Reste à savoir si la partie du dessous est du même fabricant que la partie du dessus, car effectivement, il ne s'agit pas du même bois et l'élément supérieur semble "posé" sur l'harmonium plus conventionnel du bas.
L'instrument n'est pas en parfait état, mais semble tout à fait fonctionnel. J'ai pu l'allumer (moteur électrique), et essayer quelques jeux. Reste à savoir si le moteur est suffisant pour le tutti...
En tout cas les timbres ont l'air très intéressant.

Quelques éléments supplémentaires :
* Le Cornet tire la viole de gambe et le saxophone
* Le 32' dans les basses ne parle pas pour la première octave.
* la pédale a deux jeux indépendant (16' et 8').
Je met à jour la composition dans mon message de départ.




Même le banc est travaillé :

Et bien voilà, je viens d'essayer pleinement cet instrument.
encore un qui ne veux pas dévoiler ses secrets au premier venu !
En effet, il y a bien les traditionnels loquets sous le 1er clavier, mais impossible d'ouvrir quoi que ce soit.

Il semblerai qu'il faille dévisser... mais où ??? La seule solution pour la partie supérieure,
ce serai de dévisser l'arrière. Mais l'instrument est collé contre le mur, et indéplaçable.
Pour la partie inférieure, il semblerai ... qu'il faille enlever la partie supérieure !

Bref, je pense que les photos de l'intérieur vont devoir attendre, et je suis tout ouïe pour vos remarques.

Quoi qu'il en soit, j'ai quand même relevé certaines "particularités". Pêle-mêle :
* D'abord, je reviens sur une erreur : le 32' parle sur la première octave, mais il s'agit d'une reprise de l'octave supérieure (mais bien avec des anches dédiées)
* Les jeux du pédalier sont bien des jeux propres... mais très faibles par rapport au reste. Fait pour accompagner les jeux doux, pas plus.
* La contrebasse du premier clavier n'est pas un second 16 pied, mais le prolongement de la voix céleste.
Cela appelle un jeu ondulant en plus de 16 pied. Pour tout dire, dans les basses c'est plutôt... étrange...
* la genouillère centrale appelle le grand jeu, les genouillères latérales commande les volets de forte du second clavier.
* Les jeux du second clavier, malgré leur appellation différenciant basse et dessus, appellent le jeu entier.
Par exemple, si on tire la flûte douce, on appelle également la viole de gambe, et inversement.


Question sonorité, certaines sont très réussies. D'autres, nettement moins, mais cela est surement dû
à l'état général de l'instrument (quoique tout à fait jouable - avec quelques efforts -).
Les sonorités du premier et du second clavier sont très différentes, en véritable opposition même.
Si le premier clavier est tout à fait classique pour un harmonium, la partie supérieure, à la couleur très mordante,
fait très "récit symphonique", en particulier grâce à l'ouverture du forte très efficace.
La Musette de 16 en particulier est d'une puissance peu commune.

Je vous ferai des extraits sonores assez vite. Je me demande moi-même comment cela sonne dans l'édifice !

Je me fait une réflexion : 4 jeux ondulants complets, ça fait quand même beaucoup !

Autre chose : à première vue (ou plutôt à première ouïe), les jeux de pédale sont de piètre facture
(trrrrès lent à la détente dans les basses, sonorité aigre). Ceci, plus le fait qu'ils soient très faibles par rapport au
reste voudrait peut-être dire qu'il s'agit peut-être d'une partie "ajoutée" à posteriori... Mais ce n'est
qu'une hypothèse au conditionnel le plus absolu.

Et voilà quelques enregistrements.
Rien de bien extraordinaire, d'autant plus qu'il y a eu du passage dans l'église pendant que j'enregistrais,
et que le porte n'ayant pas été refermée on profite bien des bruits parasites de la rue (camions, avions, ...)

De quoi simplement se faire une idée des timbres, de façon séparé (sauf pour le tutti du 2e clavier).
Je dirai que c'est assez frustrant de jouer de l'harmonium sans expression... Il s'agit donc plutôt d'un "orgue à anches"
On entendra l'effet de l'ouverture du forte sur le deuxième clavier.

1er clavier :
Flûte/Cor anglais
Bourdon - Clarinette
Contrebasse - Voix céleste
Clairon - Fifre
Basson - Hautbois
Harpe éolienne
Bombarde - Baryton

2e clavier :
Flûte
Unda Maris
Cromorne
Doublette
Harpe éolienne
Musette
Tutti

Etonnant instrument ! Et merci pour ces impros.

A l'écoute des enregistrements les jeux du premier clavier donnent l'impression de rondeur feutrée. Ca fait penser à uin orgue de salon.
Les timbres des jeux du premier clavier paraissent peu différenciés. Le couple Cor anglais -Flûte est joli, moins flûté que ce qu'on entend d'habitude. Il se dégage une impression de cohérence cor-anglais- clarinette 8'.

Les ondulants ondulent beaucoup, ce qui les rapproche des ondulants de l'orgue. L'unda-maris est très réussi.
La musette est effectivement pleine de dynamisme et de potentiel.

En revanche, le tutti parait très mesuré. Est-ce à cause de l'enregistrement ou est-ce vérifié dans l'édifice?

Je suis d'accord pour le regret d'absence d'expression...

Pour la visite intérieure nous patienterons donc, surtout que ces "engins" sont parfois un peu rétif à l'exploration.

Au passage, je note vous avez donc eu les bénédicitons et nihil obstat nécessaires à l'exploration Tant mieux !

Pour répondre au sujet du tutti très "mesuré", ce n'est pas dû à l'enregistrement. Effectivement, on ne gagne pas vraiment en
puissance pure une fois tiré plus de 3 jeux. Je pense que c'est surtout dû à la soufflerie, un peu poussive vu l'âge.

Seconde chose, j'ai pu me rendre compte de ce que je craignais : l'instrument n'est ouvrable que par l'arrière. Or, l'instrument
est quasiment collé contre le mur, et in-déplaçable. Même à plusieurs, on aurait de toute façon une place insuffisante à la tribune
pour pouvoir ouvrir la bête.
De plus, l'instrument est ainsi fait qu'il faut, pour ouvrir la partie supérieure, également ôter la "plaque" qui cache d'ordinaire la soufflerie.
Pire : pour ouvrir la partie inférieure, il faut... ôter la partie supérieure !
Bref, cela prouve bien que cette bête est un énorme bricolage (pas dans le mauvais sens du terme, l'instrument marche très bien) sur la base d'un gros harmonium classique.

Bref... Je ne pense pas que je vais pouvoir avancer facilement !

Concernant la datation de l'instrument :
La première pierre de l'église a été posée en 1939, et elle fut terminée à la fin de la guerre.
1ere possibilité : l'instrument date de cette période. Auquel cas la condition est que la maison Christophe & Etienne était encore active à cette période. Je l'ignore.
2eme possibilité : l'instrument est antérieur et a été installé ici après coup.

Un mot sur le facteur d'orgue qui y a apposé sa plaque : Déliancourt est semble-t-il un coutumier du fait. Il faisait de la réparation et de la restauration d'harmonium. La question que je me pose concerne sa période d'activité : encore actif au milieu du siècle ?

L'instrument parait étonnamment travaillé pour 1939, mais...
Les archives de la paroisse pourraient peut-être donner des indications sur sa datation.

Ce que vous décrivez concernant l'accessibilité de l'instrument doit inciter à mettre un cierge pour qu'il n'ait pas de problème majeur. Le moteur est-il u moins accessible pour son graissage?

Il semble que Deliancourt ait été actif jusque dans les années 1950, 1960. J'ai connu un facteur de piano (tout juste en retraite) qui a fait ses armes chez Deliancourt, dans la maintenance des harmoniums. Le dégrippage des vis rouillées lui a laissé un souvenir vivace...