peaux anti-secousses

On a parlé, il y a quelques temps d'ouvertures circulaires pratiquées dans le sommier et bouchées abec de la peau. Il a été évoqué comme explications que ça pouvait faire office d'anti-secousses pour palier à un problème de surpression.

En fait, c'est pour palier aux notes sourdes.

Extrait du "manuel pratique de l'accordeur d'harmonium" :

On trouve quelquefois des notes sourdes sans qu'il y ait aucun défaut apparent et dont l'accord varie au point de ne pouvoir les accorder. Celà provient de ce que l'on appelle un effet de vent.
Cet effet est produit par une cavité qui résonne à l'unisson avec cette note, produisant une sorte d'interférence qui gène l'émission de cette note.
Le même phénomène se produit quand deux tuyaux d'orgue à l'unisson sont près l'un de l'autre.
Pour éviter celà, on perce des trous, soit sur la table du soufflet, soit dans les cloisons des jeux. On les bouche avec une peau molle faisant poche, ce qui, changeant la tonalité de cette cavité, fait disparaître l'effet de vent. Il va s'en dire que cette cavité doit se trouver tout près de la note.

Ce serait donc un moyen d'éviter que l'anche n'entre en résonance avec un élément de sommier ?

Merci, Christophe, pour cette info importante.

Je connaissais l'existence de ce problème avec les tuyaux d'orgue proches (pas forcément à l'unisson, sauf erreur de ma part), mais pas avec les anches libres.

Toutefois, je continue à penser que ce n'est peut-être pas la seule raison d'être de ces ouvertures. De toute façon, elles ont obligatoirement un effet sur la sonorité générale. J'ai le projet de faire l'expérience d'obturer ces ouvertures avec un matériau rigide (et de façon réversible bien sûr !) pour comparer. Mais l'expérience est difficile à réaliser pour obtenir des résultats convaincants... je ne manquerai pas de donner ces derniers si j'arrive à quelque chose !

Vous évoquez le "manuel pratique de l'accordeur d'harmonium". De quel ouvrage s'agit-il ?

Tous les jeux d'anches, qu'ils soient libres ou battants n'ont pas une consommation d'air qui est constante. Quand l'anche est "fermée" l'air est minimum pour les libres et nul pour les battantes, au contraire quand l'anche est ouverte, la conso est maximum dans les deux cas.
Dans l'orgue, sur les sommiers à registres, il est fréquent qu'une doublette (petit jeu) vrille à la fréquence du 16' d'anche qui joue en même temps. La vibration se propageant par la gravure (et non par le son extérieur, car dans le cas de l'exemple, le son du 16' sort 5 mètres plus haut que celui de la doublette) Dans certains cas, c'est le tuyau lui même qui s'auto-asphixie et il ratatouille tout seul comme un grand. Pour résoudre le problème, on utilise un pied de grandes dimensions, pour une clarinette à anches libres, le pied fait 0.60m pour un tuyau de 1.20 m, le volume emprisonné joue le rôle d'un silencieux. Pour le Posaune par exemple, on utilise un pied de bois dont on remplace une des parois par un papier fort ou une peau. (même rôle, car l'harmonie du posaune a tendance à s'autodétruire ).

Alors, si on supprime ces amortisseurs de vent dans un harmonium, il sonnera moins bien, et pas égal d'une note à l'autre.

Ne pas confondre avec les jeux de fonds de l'orgue, qui ne présentent pas cette anomalie, car la consommation d'air est constante, le son étant produit hors du sommier (devant la bouche). Les tuyaux de l'orgue s'influencent tous, en bien ou en mal suivant les cas. Pour améliorer, les anciens ont inventé l'entaille à pavillon, qui joue le rôle d'une "super-oreille", le tuyau est mieux à l'écoute des autres et se synchronise plus facilement. Si on n'utilise pas cet artifice dans une boîte expressive (milieu confiné) le son ne porte pas et perd toute ampleur. (un phénomène courant sur les néoclassiques comme Gonzalez par exemple, où on est déçu de si peu de son d'un si grand nombre de jeux.)

Il faut toujours se méfier de vouloir réinventer la simplicité si les anciens ont "bricolé" un truc qui nous semble louche et inutile: ils avaient leurs raisons et en savaient certainement plus que nous sur la chose!

Si en orgue ou en harmonium l'HUMIDITE est un ennemi, l'HUMILITE est un grand bien.

C'est comme les trous latéraux dans les pieds des tuyaux de Voix Humaine, si je ne m'abuse...

Voui, mais en plus efficace et moins pénalisant, parce-que dans l'harmonium, la soufflerie, c'est vous.

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